Longtemps cantonné aux cérémonies traditionnelles ou aux grandes occasions, le pagne — ce tissu aux motifs riches et colorés — a longtemps été perçu comme un vêtement du passé. Pourtant, une révolution discrète mais puissante est en cours : dans les rues de Dakar, d’Abidjan, de Kinshasa ou de Lagos, la jeunesse africaine s’approprie le pagne et lui donne une nouvelle vie. Ce tissu, autrefois symbole d’héritage, devient aujourd’hui un manifeste de style, d’audace et d’identité.
Quand le passé inspire le futur : une nouvelle génération de créateurs
À travers tout le continent, une vague de jeunes stylistes africains s’élève pour briser les codes. Leur mission : moderniser les tissus traditionnels sans les trahir.
Des noms comme Adama Paris (Sénégal), JZO (Nigeria) ou encore Maison ARTC (Maroc) imposent une esthétique qui allie héritage textile et design contemporain.
Ils osent des coupes urbaines, unisexes, parfois streetwear, parfois haute couture. Le pagne devient jupe plissée, bomber jacket, combinaison fluide, sac, accessoire…
Il s’adapte à tous les styles, à toutes les générations, tout en racontant une histoire.
Une présence grandissante sur la scène mondiale
La fashion week de Lagos, le SIFA à Dakar, ou encore les défilés de Johannesburg et Accra accueillent désormais ces créateurs comme de véritables ambassadeurs d’un renouveau esthétique africain.
Et ce n’est plus seulement une affaire locale : le pagne africain séduit désormais les podiums internationaux, les magazines de mode européens, les influenceurs afro-descendants de la diaspora, jusqu’aux tapis rouges d’Hollywood.
“Porter du pagne, c’est être fier de qui l’on est, tout en regardant vers l’avenir.” — Oumou Sy, styliste sénégalaise de renom.
Un vêtement qui dit qui nous sommes
Au-delà de l’élégance, le pagne est un message. Il raconte une histoire, celle de peuples, de valeurs, de symboles.
En l’adoptant au quotidien, les jeunes africains revendiquent leur culture avec fierté, dans un monde globalisé qui a longtemps voulu uniformiser les codes vestimentaires.
C’est aussi un acte d’émancipation : « Je suis moderne ET africain·e », sans contradiction.
La mode devient ici un outil politique doux, un cri silencieux qui affirme : “Nous ne serons pas copiés. Nous serons sources d’inspiration.”
Le pagne, un vêtement identitaire et politique
Porter le pagne aujourd’hui, c’est revendiquer son identité, sa culture et ses racines.
C’est aussi une forme d’affirmation : “Je suis moderne ET africain(e)”.
De plus en plus, la mode devient un outil d’expression politique douce, une manière de résister aux standards imposés par l’Occident et de valoriser les récits africains.
🗣️ “J’utilise le wax pour raconter des histoires africaines modernes. Chaque motif a une signification.” — Aïcha Traoré, styliste ivoirienne.
Connaissez-vous ces tissus traditionnels ?
L’Afrique regorge de tissus riches de sens et d’histoire. En voici quelques-uns :
Wax : le pagne le plus populaire, imprimé industriellement
Bazin : tissu damassé prisé en Afrique de l’Ouest
Bogolan : tissu malien teint à la main avec de l’argile
Kenté : tissu tissé à la main originaire du Ghana, très symbolique
Chaque tissu a son langage visuel et culturel, utilisé comme une forme de communication silencieuse.
Une économie qui se développe grâce à la jeunesse
La réinvention du pagne, c’est aussi l’émergence d’un véritable écosystème économique.
Créateurs indépendants
Boutiques en ligne via Instagram, Facebook, Etsy
Marchés locaux et événements dédiés
→ Le tissu devient source de revenus, d’emploi et d’autonomie pour de nombreuses jeunes femmes et hommes du continent.
À suivre : 5 créateurs africains qui changent la mode
Tongoro Studio (Sénégal) – porté par Beyoncé
Kente Gentlemen (Côte d’Ivoire) – style élégant et contemporain
Christie Brown (Ghana) – haute couture africaine
Maison ARTC (Maroc) – avant-gardiste et engagé
Orange Culture (Nigeria) – androgynie et revendication
Conclusion : une révolution textile en marche
La mode africaine n’imite plus : elle inspire.
À travers le pagne, la jeunesse du continent exprime sa créativité, sa fierté, et sa conscience.
Le pagne n’est plus simplement un vêtement. C’est un drapeau, une mémoire, une revendication, une œuvre d’art vivante portée au quotidien.






